Réfugiés syriens : Ankara menace Bruxelles

 

Le président turc parle d'ouvrir les vannes : 

 

 

Recep Tayip Erdogan était à Bruxelles hier. Il y a fait connaître ses conditions : si l'UE n'en passe pas par ses volontés, M. Erdogan ouvrira les vannes vers l'Europe aux deux millions de réfugiés syriens actuellement en territoire turc.

Quelles sont les volontés de M. Erdogan ? Que Bruxelles cesse de tiquer devant sa politique.

Cette politique a pourtant deux caractéristiques incompatibles avec les « valeurs européennes » : 1. un nationalisme blindé, complété par un irrédentisme auprès de l'émigration turque en Europe ; 2. une répression brutale envers les Kurdes et l'opposition turque.

C'est la confirmation (aggravée) de ce que l'on sait depuis dix ans : le régime Erdogan manipule Bruxelles. La seule nouveauté est le drame syrien, qui dote Ankara d'une arme absolue envers l'Europe terrifiée par la déferlante migratoire.

Le régime Erdogan est aux antipodes de l'esprit bruxellois. Bruxelles ne veut pas en convenir, parce qu'Ankara est au dessus de tout soupçon selon Washington : Ankara étant (on nous le répète) un « pilier de l'OTAN »  face à la Russie...  Ce tableau de la situation est évidemment factice, l'OTAN étant un conglomérat d'intérêts contradictoires  unifiés  en apparence   par la suzeraineté US ; d'où le peu de sérieux des cris de guerre de M. Stoltenberg (délégué du Pentagone à l'OTAN), qui feint d'être à deux doigts d'affronter Moscou parce que des avions russes ont croisé des avions turcs au dessus de la frontière syrienne. 

M. Stoltenberg sait que l'affrontement n'aura pas lieu, Washington et Ankara ayant trop de choses à négocier avec Moscou. Mais l'UE et les capitales européennes sont prises dans ce théâtre américain qui les fait jouer à la guerre froide* face à un ennemi conventionnel qui serait la Russie : rôle qui les éloigne des réalités, notamment au Proche-Orient.

Plus la situation internationale se tend, plus l'Europe se montre absurde et impuissante, et plus on vérifie que la « construction européenne » version Maastricht était artificieuse.

 

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* Voir les déclarations approximatives de M. Fabius, l'homme qui parle de « taper » (sic) en Syrie.